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Sanctuaire les pieds dans l’eau 40.535711, 141.557298 青森県八戸市大字鮫町蕪嶋神社 Aomori, Hachinohe, Samemachi, Kabushima Jinja
Kabushima 蕪島 : Une "île" sacrée
Perché sur une petite île rocheuse surplombant l’océan Pacifique, le sanctuaire de Kabushima, situé à Hachinohe 八戸市, dans la préfecture d’Aomori
青森県, est bien plus qu’un simple lieu de culte.
Fondé en 1269, il a depuis été un pilier spirituel
et culturel pour les pêcheurs locaux.
Bien que l’on parle encore d’“île”, ce n’est
plus tout à fait exact. En 1942, de grands
travaux de remblaiement ont transformé
l’île en presqu’île pour protéger ce lieu sacré
des tempêtes marines et de l’érosion. Un pont
reliait Kabushima au continent depuis 1919,
facilitant déjà l’accès à ce site autrefois isolé,
uniquement accessible par bateau, à la nage ou à
certaines marée basse.
île de Kabushima vers 1922 commons.wikimedia.org
Benzaiten 弁財天: La Protectrice des Pêcheurs
Le sanctuaire de Kabushima attire depuis sa création de nombreux visiteurs, mais il revêt une importance particulière pour la communauté des pêcheurs. Construit pour vénérer Benzaiten (弁財天), déesse du savoir, de l’art, de l’éloquence, de la musique et de la sagesse, elle est l’une des Sept Divinités du Bonheur (七福神, Shichifukujin). Benzaiten, qui trouve ses origines dans la mythologie hindoue comme personnification de la rivière Sarasvati, est vénérée pour sa protection sur les eaux.
Selon la légende, au XIe siècle, Benzaiten aurait apaisé un dragon qui terrorisait les pêcheurs en mer, sauvant ainsi leurs vies. Grâce à cette protection, les ports de Same et d’Hachinohe jouissent aujourd’hui d’une des pêches les plus prolifiques de l’archipel.
Kabushima, comme Benzaiten, incarne la résilience. Le sanctuaire a été détruit par des incendies en 1891, 1957 et 2015, mais la communauté religieuse du monde entier à toujours montrer son soutien à cette édifice, lui permettant de se relever. Outre les incendies,
Goéland à queue noir sur l'île de kabushima National Film Archives of Japan
Kabushima : Sanctuaire des Goélands
L’île de Kabushima est également un refuge naturel pour les goélands à queue noire (ウミネコ, Umineko). Chaque année, pendant la période de nidification, plus de 40 000 de ces oiseaux se rassemblent sur ce petit bout de rocher. L’origine même du nom de l’île serait liée à ces oiseaux, dérivant du langage aïnou : カピュー (kapyū, goélands) et シュマ (shuma, rocher).
Leur présence attire presque autant que l’aspect spirituel de l’île, malgré la difficulté à naviguer parmi eux. Avec tant de goélands, il n’est pas rare de recevoir un “petit cadeau” sur la tête. Les responsables du sanctuaire proposent donc des parapluies pour la visite, ajoutant une dimension unique et comique à l’expérience : il est rare d’explorer un lieu sacré, sous un ciel bleu, avec un parapluie à la main.
Au Japon, les goélands à queue noire sont appelés “Chats de mer” (ウミネコ, Umineko) et ont joué un rôle important dans la réputation religieuse du lieu. Dans la mythologie locale, ils sont considérés comme les messagers de Benzaiten, avertissant les pêcheurs des dangers en mer. Le nombre impressionnant de ces oiseaux renforce l’idée d’une connexion spéciale entre Kabushima et la divinité.
De Kabushima à la culture populaire
La popularité du sanctuaire permet à toute la région de se développer et Kabushima est régulièrement mis à l’honneur dans la culture locale. Par exemple, la chanson Hachinohe Kouta (八戸小唄), sortie en 1932, a contribué à la renommée du lieu en se classant au sommet des écoutes japonaises de l’époque. Depuis 2022, cette mélodie est même utilisée comme Hassha Melody (発車メロディ), la musique signalant le départ des trains, à la gare de Hachinohe, renforçant ainsi le lien entre le sanctuaire et la culture locale.